Nouvel article - Biologie Polaire

Mission Polaire : Monaco s'engage encore plus !


Le symposium « The Cold is getting hot! » vient de s’achever. Ce symposium marque le début d’un riche programme d’actions de la Principauté pour une meilleure connaissance et une meilleure protection des Pôles. Tout d’abord, une grande exposition polaire qui se tiendra au Musée océanographique à partir du 4 juin 2022, à laquelle le CSM a contribué. En parallèle, la Fondation Prince Albert II a lancé son ‘Initiative Polaire’ qui se propose de jouer un rôle de premier plan dans certains des défis liés à la compréhension et à la protection des écosystèmes et de la biodiversité polaires.

Ces différentes actions sont complémentaires aux activités de recherche soutenue menées au CSM depuis novembre 2010, au travers d’un partenariat avec le CNRS qui donnera naissance en 2014 au Département de Biologie Polaire. 

Rappelons que la création de ce département est ancrée dans la tradition d’une recherche polaire monégasque initiée par le Prince Albert Ier qui a effectué, au début du XXe siècle, quatre campagnes d’explorations (1898, 1899, 1906 et 1907) au Spitzberg et qui donnera le nom de la Principauté à un glacier situé sur la Côte Nord-Ouest de l’archipel du Svalbard, devenu le Glacier de Monaco ! En 1979, un Comité Arctique a été créé au sein du CSM, suite à la conférence sur les mers polaires tenue en Principauté en février 1979 sous la présidence du Prince Rainier III. Ce Comité Arctique, présidé par le Pr Louis Rey, professeur à la Faculté des Sciences de Dijon, avait pour objectifs à la fois de servir de plateforme d’échanges d’idées et d’atelier de réflexion sur les questions arctiques mais également d’encourager des expéditions pluridisciplinaires dans l’Arctique pour y effectuer des recherches scientifiques.

Lors de Son voyage au Pôle Sud, S.A.S. le Prince Souverain Albert II, qui a visité une dizaine de Stations de recherche permanentes, avait souhaité voir se développer des activités de recherche en Antarctique au sein du CSM. Ainsi, couplé à l’adhésion au Traité sur l’Antarctique et au SCAR (Comité scientifique de la recherche antarctique), une convention signée lors des 50 ans du CSM avec le CNRS et l’Université de Strasbourg a permis de pérenniser une recherche polaire au CSM.

Aujourd’hui les travaux très actifs du Département de Biologie Polaire du CSM ont produit près de 50 articles scientifiques publiés dans les meilleures revues internationales (e.g. Science, Nature, PNAS). Ces travaux visent à comprendre l’évolution des écosystèmes polaires en suivant l’évolution des manchots. Pour cela, plus de 20 000 manchots (royaux, Adélie et empereurs) ont été munis de puces RFID pour être suivis par les chercheurs monégasques. Certains de ces oiseaux sont équipés de GPS ou de balises ARGOS pour suivre leur distribution en mer. Ces travaux peuvent aider par exemple à définir les limites et la dynamique des Aires Marines Protégées circumpolaires. D’autres outils, issus des méthodes de l’intelligence artificielle, sont en cours de développement et devraient permettre sous peu d’identifier les manchots individuellement, ainsi que leur cycle de vie (c’est-à-dire s’ils se reproduisent, s’ils sont en succès ou en échec, etc.), sans aucune perturbation. Les résultats de l’équipe monégasque montrent dès à présent que les manchots sont très sensibles au réchauffement de la planète : par exemple, 70% de la population mondiale de manchots royaux pourrait disparaître d’ici la fin du siècle si aucune mesure pour endiguer le réchauffement climatique n’est prise de façon immédiate.

Ces travaux permettent également au Gouvernement de la Principauté de Monaco de pouvoir se positionner comme acteur dans la préservation de la région Antarctique. En effet, pour être politiquement actif dans la protection des régions antarctiques, une adhésion au Traité sur l’Antarctique et au SCAR nécessite de conduire des activités de recherche dans ces zones polaires. Ainsi, le CSM apporte son appui technique et son expérience de terrain à la délégation de Monaco qui participe chaque année aux réunions du Système du Traité sur l’Antarctique. Cet appui permet au Gouvernement, et plus particulièrement au Département des Relations Extérieures et de la Coopération, de définir ses positions dans les enceintes interétatiques, portant sur les questions polaires.

Pour information :
Dr. Céline Le Bohec
Dr. Victor Planas-Bielsa
Dr. Yvon Le Maho
Pr. Denis Allemand