Le 14 août, un "Policy Bridge" d’une importance capitale a été publié, co-rédigé par le Dr Nathalie Hilmi et le Pr Denis Allemand du Centre Scientifique de Monaco, en collaboration avec une dizaine d'auteurs internationaux.
Ce Policy Bridge aborde des questions cruciales concernant la sécurité, l'efficacité, le financement et la gouvernance des systèmes côtiers et marins, et leur rôle potentiel dans la réduction des émissions excessives de dioxyde de carbone. Les auteurs y apportent de nouvelles perspectives sur l’importance de ces systèmes pour l'atténuation du changement climatique, avec un accent particulier sur les actions et solutions basées sur le « carbone bleu » côtier et l'élimination du dioxyde de carbone marin (mCDR). Leurs analyses indiquent que ces actions pourraient jouer un rôle déterminant dans la lutte contre le réchauffement climatique au XXIème siècle, en particulier après 2050.
Cet article insiste sur l’urgence de développer des cadres de gouvernance solides et adaptés pour permettre une évaluation rigoureuse et une mise en œuvre sécurisée de la contribution potentielle de ces systèmes côtiers et océaniques à l'atténuation climatique.
Il est également précisé que la recherche continue et la surveillance sont indispensables pour identifier les effets secondaires imprévus et pour permettre l’adoption de mesures correctives. La co-création de ces cadres de gouvernance, impliquant étroitement le monde universitaire, le secteur privé et les décideurs politiques, sera essentielle pour garantir la mise en œuvre sécurisée des solutions mCDR à l’avenir.
Les auteurs soulignent par ailleurs l’impératif d’accélérer de manière significative le développement de la gouvernance des mCDR, afin qu'elle puisse jouer un rôle clé dans la réduction des émissions de carbone d'ici la seconde moitié du XXIème siècle.
En outre, le Policy Bridge rappelle que la décision de poursuivre à grande échelle les interventions climatiques incombe aux décideurs politiques et à la société dans son ensemble. Cependant, il est impératif d’établir en urgence des cadres juridiques, économiques, politiques et de recherche adaptés pour éclairer cette prise de décision et accompagner la mise en œuvre des mCDR au cours des prochaines décennies.
Enfin, il est également souligné que les systèmes côtiers et marins ne pourront contribuer de manière significative à la réduction du dioxyde de carbone que lorsque des connaissances plus approfondies sur les options de gestion auront été acquises et évaluées.
Publication :
Johnson M., van Doorn E., Hilmi N., Marandino C., McDonald N., Thomas H., Allemand D., Delvasto Algarin L., Lebleu L., Ho D.T., Oloyede M., Safa A., Swarzenski P. Can coastal and marine carbon dioxide removal help to close the emissions gap? Scientific, legal, economic, and governance considerations. Elementa: Science of the Anthropocene (2024) 12 (1): 00071
Pour plus de renseignements, veuillez contacter :
Dr Nathalie Hilmi
Pr Denis Allemand
Publication en Biologie Marine - Section d'Économie Environnementale
Figure 1 : Combler le fossé des émissions. Panneau de gauche : Calcul de l'écart d'émissions cumulées en utilisant les données et les scénarios du dernier rapport sur l'écart d'émissions du Programme des Nations unies pour l'environnement (PNUE, 2023). Ces calculs montrent que, dans le meilleur des cas (contributions conditionnelles déterminées au niveau national et tous les engagements nets zéro), il y aura probablement des centaines de gigatonnes d'équivalents CO2 (Gt CO2e) en trop dans l'atmosphère en 2050 par rapport aux scénarios 1,5°C ou 2°C les moins coûteux ; dans le pire des cas (engagements actuels uniquement), il y aura jusqu'à 1 000 Gt CO2e pour le scénario 1,5°C. Ainsi, il n'existe actuellement aucune voie réaliste pour limiter le réchauffement à 1,5°C ou même à 2°C sans une action politique supplémentaire significative en termes de réduction des émissions ou d'application substantielle de l'élimination du dioxyde de carbone (CDR ; PNUE, 2023). Nous pouvons nous attendre à ce que l'écart cumulatif des émissions soit de l'ordre de 1 000 à 3 000 Gt CO2e d'ici la fin du siècle dans le cadre des engagements politiques actuels (Anderson et Peters, 2016 ; Lawrence et al., 2018 ; Bellamy et Geden, 2019 ; NASEM, 2019). Il convient de noter qu'un écart d'émissions nul n'est pas la même chose que l'absence nette d'émissions - l'écart d'émissions correspond aux émissions excédentaires par rapport à une trajectoire de réduction des émissions à moindre coût permettant de maintenir le réchauffement dans certaines limites ; autrement dit, un écart d'émissions nul équivaut à une trajectoire permettant de limiter le réchauffement dans les limites de l'objectif fixé en suivant les trajectoires les moins coûteuses (PNUE, 2023). Panneau de droite : La réduction de l'écart d'émissions comporte deux volets : (1) nous devons tout d'abord procéder à de nouvelles réductions des émissions (flèche en pointillé dans la barre brune), et (2) le REC doit être utilisé en dernier recours (flèche en pointillé dans la barre verte) pour contrer tout excès de carbone restant (barre brune sans flèche). © Johnson et al., 2024.