Publication en Biologie Polaire

« Vivre aux Pôles ne veut pas dire pour autant être protégé des effets néfastes de l’homme ! »

Alors que les études en écotoxicologie dans les zones Arctiques foisonnent chez les oiseaux marins migrateurs, nos connaissances sur l'exposition et les effets potentiels des contaminants sont extrêmement limitées chez les espèces sédentaires, c’est-à-dire qui résident toute l'année en Arctique. En collaboration avec des collègues norvégiens, les chercheurs du Département de Biologie Polaire ont travaillé sur ce problème chez une espèce d’alcidé, le Guillemot à miroir (Cepphus grylle mandtii), vivant en permanence à Kongsfjorden, un fjord situé au Svalbard. L’étude s’est notamment intéressée au niveau d'exposition de ces oiseaux aux contaminants traditionnels et émergeants (métaux lourds tels que le mercure, et polluants organiques persistants (POPs) tels que des pesticides, insecticides ou d’autres substances chimiques cancérigènes) en fonction de l'état physiologique des individus, c'est-à-dire en fonction de leur condition corporelle, de leur niveau de stress physiologique instantané (par l’étude de marqueurs de stress oxydant produits par les cellules lorsqu’elles sont soumises à un stress) et sur le long terme (par des analyses télomériques, c’est-à-dire que les extrémités des chromosomes seraient susceptibles de s’éroder en fonction des stresses subis au cours de la vie d’un individu).

Les guillemots à miroir du Svalbard s’alimentent, toute l’année, le long des côtes, de petits poissons benthiques qui vivent près du fond marin. La surprise est que finalement, même s’ils résident toute l’année dans ces contrées isolées, ils présentent néanmoins des niveaux de contaminants globalement tout aussi élevés que des oiseaux marins migrateurs qui s’alimentent dans des zones plus urbanisées en hiver et qui sont donc susceptibles de présenter de forts taux de contamination. De plus, il a été montré que les guillemots à miroir en moins bonne condition avaient tendance à présenter des niveaux plus élevés de contaminants, mais aussi des niveaux de stress instantanés et sur le long terme plus importants et donc plus préoccupants. Les données non linéaires suggèrent également l’existence de seuils, et que dépassé ces seuils, l’accumulation des contaminants serait néfaste et impacterait l'état physiologique des oiseaux. Les résultats ont ensuite été utilisés pour construire des modèles permettant de décrire comment l'exposition chronique aux contaminants peut être liée à la dynamique des télomères qui reflète les stresses accumulés au fil du temps par les individus.

 

 


 

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