Collaboration entre l’équipe d’Ecophysiologie du CSM et l’Oréal

L’équipe d’écophysiologie du CSM et la société L’Oréal ont uni leurs efforts pour tester, selon un protocole bien défini, l’effet de certains herbicides, parabènes et filtres solaires organiques ou minéraux sur les coraux. Les résultats de cette étude, qui découlent d’une longue collaboration entre les deux organismes, ont été récemment publiés dans le journal Coral Reefs.
Les récifs coralliens subissent de nombreuses menaces. En plus du changement climatique, qui augmente la température de l’eau et induit de nombreux épisodes de blanchissement corallien suivi de mortalités, les récifs coralliens côtiers sont également menacés par la pollution. Les sources majeures de pollution sont les rejets urbains et agricoles, qui enrichissent l’eau de mer en nitrates, phosphates, pesticides et herbicides. Depuis peu, les filtres solaires, provenant des crèmes solaires dont s’enduisent les nageurs, ont également été accusés d’impacter négativement les coraux. C’est pour cette raison que le CSM et la société L’Oréal, ont mené leur enquête sur quelques filtres solaires, et ont comparé leur nocivité à celle d’autres composés comme des herbicides ou des parabènes.

Pour la première fois, un protocole a été mis au point pour mesurer les concentrations réelles des produits dans l’eau de mer. Nous avons pu ainsi constater que, pour la plupart des filtres solaires organiques testés, les concentrations mesurées en mer étaient bien inférieures aux concentrations théoriques (calculées), du fait de la nature lipophile des composés. Ce résultat suggère que toute étude future sur les filtres solaires doit absolument s’attacher à mesurer la dose effective à laquelle sont soumis les organismes testés. Cette étude montre également que l’efficacité photosynthétique des coraux est bien plus impactée par les filtres solaires contenant de l’oxyde de zinc (filtres minéraux) que par les filtres solaires organiques, qui n’ont eu aucun effet sur l’activité photosynthétique des coraux. De même que l’oxyde de zinc, le butylparabène diminue de 25% l’efficacité photosynthétique des coraux. Les herbicides tels que le diuron et le monuron restent les composés les plus nocifs, même à très faible concentration.  Cette étude suggère qu’il est urgent de développer des protocoles permettant de mesurer, directement dans les récifs, les concentrations réelles de tous les filtres solaires et parabens, pour évaluer le degré de contamination et le risque potentiel pour les coraux et autres organismes des récifs.